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Coelacanthe

Coelacanthe

Un article de Encyclo-ecolo.com.



Sommaire

Le coelacanthe, le plus vieux poisson du monde


Le coelacanthe, un poisson fossile

  • Considéré encore aujourd’hui comme la plus grande découverte zoologique du xxe siècle, on le croyait disparu depuis 63 millions d’années avant qu’un individu vivant ne soit retrouvé dans les filets d’un pêcheur en 1938. C’est l’ichtyologue J. L. B. Smith qui l’identifia comme un représentant actuel des Crossoptérygiens ou poissons à "nageoires frangées".

Il le nomma Latimeria chalumnae, en hommage à Miss Courtenay Latimer, conservatrice du musée d’East London et en rapport avec la rivière Chalumnia dans laquelle ce poisson long d’un mètre cinquante et d’un bleu iridescent tacheté d’argent fut trouvé.

Depuis ce jour, le Coelacanthe, a déchaîné les passions d’innombrables chercheurs à travers le monde mais sans pour autant livrer ses secrets. Il aura fallu attendre un demi-siècle pour qu’un sous-marin puisse enfin ramener les premières vidéos à la fin des années 1980 de ce colosse de 2 m de long demeure rarissime et inaccessible, vivant dans l’obscurité des grandes profondeurs.

Ces fossiles vivants existaient déjà sur Terre avant la disparition des dinosaures. Alors qu'on ne le croyait exister qu'à l'état de fossile, un coelacanthe vivant fut découvert en 1938.

Les coelacanthes ont été les témoins immuables de la formidable évolution du vivant depuis 400 millions d’années. Les coelacanthes sont apparus au Dévonien. Ils atteignirent au Crétacé des longueurs de 3 mètres. Le groupe déclina vers la fin du Crétacé. Inchangé depuis la nuit des temps, le cœlacanthe porte en lui les traces d’un passé commun à tous les animaux terrestres à quatre pattes, et beaucoup ont consacré leur vie à étudier ce poisson, d’autres l’ont même perdue.

En septembre 2006, on a découvert une mâchoire fossile de Cœlacanthe dans une strate de - 410 millions près de Buchan, dans l'état de Victoria, en Australie. Baptisé Eoactinistia foreyi, c'est le plus vieux fossile de coelacanthe connu. Le cœlacanthe est une espèce emblématique du canal du Mozambique, des Comores et d'Indonésie.

  • Les cœlacanthes sont représentés dans la nature actuelle par seulement deux espèces, Latimeria chalumnae et Latimeria menadoensis. De la taille d’un homme, ces animaux vivent dans les eaux profondes de l’Océan Indien (Canal du Mozambique) et d’Asie du Sud-Est et sont malheureusement considérés en très grand danger d’extinction.


C'est aux Comores et dans le canal du Mozambique que ce poisson des profondeurs (évoluant jusqu’à au moins 400 m de profondeur) est le plus connu. Les observations ont été réalisées en sous-marin (capacité de 400 m) et des enquêtes menées dans tous les villages côtiers de Namibie. De ce comptage, il en ressort que la population serait stable avec environ 500 individus. Et ce, malgré les craintes émises sur une autre activité humaine : le concassage à Itsoundzou. Certains scientifiques craignent que cette activité ait causé un déplacement de l’espèce vers la Tanzanie.


Depuis 1952, on a capturé près de 200 spécimens. Malgré la protection dont il fait l’objet, sa pêche intensive le mène à l’extinction. Sa population n'excède pas 300 à 600 individus. Cette espèce est répertoriée sur la Liste rouge de l'UICN comme "en danger extrême". En 1997, une nouvelle espèce a été découverte, Latimeria menadoensis. Espérons qu’avec moins de publicité, cette espèce s’en sortira mieux.

Ce serait quand même le comble que le coelacanthe disparaisse en quelques décennies à cause de l’Homme alors qu’il a su traverser sans encombre tant de millénaires.

En avril 2005, un fossile de cœlacanthe d’eau douce, vieux d’environ 70 millions d’années, a été découvert dans le sud de la France, à Cruzy, dans l’Hérault. L’os d’une dizaine de centimètres a été identifié par l’équipe du paléontologue suisse Lionel Calvin comme étant une mâchoire de cœlacanthe.

A quoi ressemble le coelacanthe ?

  • Le coelacanthe a tout du poisson préhistorique. Sa vessie natatoire, qui fut à l’origine un organe respiratoire, ne joue plus aucun rôle dans la respiration.

En fait, les caractéristiques anatomiques du coelacanthe en font un poisson différent des autres : ses nageoires paires, pectorales et pelviennes sont musculeuses et armées d’un squelette. Il les utilise en alternance à droite et à gauche. Il possède un poumon à droite ; à gauche, il a dégénéré. Celui de droite est devenu un organe infiltré de graisse, allégeant ses déplacements à la manière d’une vessie natatoire

Les coelacanthes sont phylogénétiquement très proches des vertébrés terrestres (appelés également tétrapodes : amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères). Certaines de leurs structures anatomiques les rapprochent des tétrapodes :

Les nageoires pectorales (nageoires paires situées à l'avant du corps) et les nageoires pelviennes (nageoires paires situées sous le ventre) sont composées d'un voile soutenu par des rayons (caractéristique des "poissons") et d'un lobe charnu reliant ce voile au corps. Le lobe charnu, recouvert d'écailles, est composé intérieurement d'une série d'os homologues aux os présents dans les membres des tétrapodes. Le schéma structural de ces nageoires de coelacanthes est donc précurseur de celui des tétrapodes ;

Le coelacanthe actuel à un appareil pulmonaire régressé. Il est fort possible que les coelacanthes fossiles avaient un poumon fonctionnel.


Le coelacanthe est doté d'une maturité sexuelle tardive et d'une grande longévité. A l'issue d'une très longue gestation, 3 ans !, les petits naissent tous formés.


Filmer le coelacanthe au large de l'Afrique

En 2010, Année internationale de la biodiversité, Laurent Ballesta, biologiste marin, spécialisé dans l’exploration naturaliste en plongée profonde avec un record à 201 m de fond, cherchait un symbole pour incarner cette notion. Le symbole était évident : un poisson, le plus vieux poisson du monde, le cœlacanthe.

Dans cette quête moderne d’une licorne bien réelle, 2 plongeurs sont morts en 2001 en voulant être les premiers à l’approcher physiquement, l’observer, le filmer sans l’aide de robot ou de sous-marin.

En janvier 2010, Laurent Ballesta et son équipe ont voulu relever ce défi de plongeur : réaliser ces immersions jusque-là impossibles et accéder à l’univers intime du cœlacanthe, ramener les toutes premières photographies de l’animal dans son habitat, les premières images de la rencontre entre un homme et le plus vieux poisson du monde. Des plongées extrêmes, une quête improbable, tout cela au large de la « côte sauvage » et difficile d’accès de l’Afrique du Sud…


A ce jour 400 000 espèces marines ont été identifiées par la science, plus de 10 millions resteraient à décrire !


On a découvert une autre espèce de coalacanthe

Depuis la découverte en 1938 du premier cœlacanthe (Latimeria chalumnae), tout laissait penser que cette espèce était unique en son genre et formait une petite population vivant quasi exclusivement dans l’archipel des Comores.

La découverte en juillet 1998, par le Dr Mark Erdmann (Université of Berkeley), d’un cœlacanthe, à plus de 9000 kilomètres de là, près de l’île de Menadotua dans l’archipel de Sulawesi (Indonésie) a remis en question cette hypothèse, d’autant que l’analyse génétique et morphologique, menée sur ce spécimen par des chercheurs de l’Institut Français de Recherche pour le Développement (IRD) et d’instituts scientifiques indonésiens , vient de montrer que celui-ci appartiendrait à une nouvelle espèce (Latimeria menadoensis).


Les résultats obtenus mettent en évidence des différences génétiques et morphologiques significatives entre le spécimen d’Indonésie et la population de cœlacanthes des Comores qui présente un étonnante absence de polymorphisme. Les divergences génétiques observées sont de l’ordre de celles généralement admises pour des espèces proches mais distinctes. Les chercheurs ont ainsi pu en conclure que le spécimen découvert dans l’archipel de Sulawesi semble appartenir à une nouvelle espèce, qu’ils ont nommée Latimeria menadoensis en référence au lieu de sa capture. Les horloges moléculaires (vitesse d’évolution d’un gène matérialisée par l’accumulation des mutations dans le temps) qui sont connues pour les deux gènes étudiés montrent que Latimeria menadoensis et Latimeria chalumnae se sont différenciés il y a environ 1,5 millions d’années, un évènement relativement récent


Un cœlacanthe géant du Crétacé révèle de nouvelles informations sur l’évolution de ces étranges poissons

  • Megalocoelacanthus est un cœlacanthe géant qui a vécu dans les mers d’Amérique du Nord au cours du Crétacé supérieur (- 70 millions d’années). Une équipe franco-américaine, à laquelle participent Hugo Dutel et Gaël Clément du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC), vient d’analyser un fossile de Megalocoelacanthus, découvert en 2007 dans les plaines du Kansas (Etats-Unis) et exceptionnellement bien conservé. Cette étude a permis d’élucider de nombreuses questions restées en suspens concernant ce mystérieux animal. Les résultats ont été récemment publiés dans la revue PloS ONE.

La diversité des cœlacanthes est représentée par de nombreux fossiles, avec une centaine d’espèces décrite du Dévonien au Crétacé (- 410 à - 66 millions d’années), et par uniquement deux espèces actuelles du genre Latimeria*. Les cœlacanthes furent longtemps considérés comme éteints depuis la fin du Crétacé. Ce n’est qu’en 1938 que le premier spécimen vivant a été identifié en Afrique du Sud. Très rares dans la nature actuelle, ils étaient par le passé très abondants, diversifiés, et différents morphologiquement les uns des autres.

En 1994, une équipe américaine a décrit un nouveau genre de cœlacanthes géants, Megalocoelacanthus, à partir de restes fragmentaires découverts dans le Sud-Est des Etats-Unis. Jusqu’alors les scientifiques savaient que des spécimens géants avaient vécu durant le Crétacé (- 145 à - 66 millions d’années), mais seulement au sein d’un genre, Mawsonia, connu à partir de fossiles retrouvés en Amérique du Sud et en Afrique. Mais la morphologie précise de Megalocoelacanthus n’avait pu être précisément établie, tout comme ses relations de parenté avec les autres cœlacanthes.

Dans cette nouvelle étude, les scientifiques se sont intéressés à un spécimen fossile de Megalocoelacanthus découvert en 2007 dans les plaines du Kansas (centre des Etats-Unis) et remarquablement bien conservé. Grâce à des analyses anatomiques et phylogénétiques, l’équipe a mis en évidence de nombreuses différences entre les genres de cœlacanthes géants Megalocoelacanthus et Mawsonia, malgré quelques caractéristiques communes telles que le gigantisme et l’absence de dents. De manière surprenante, ces cœlacanthes géants, pouvant dépasser les 4 mètres de long, évoluaient dans des environnements très distincts. Alors que Mawsonia vivait dans des eaux douces et saumâtres, Megalocoelacanthus nageait dans des environnements marins peu profonds, le long du littoral.


Ces résultats suggèrent ainsi que des caractères tels que le gigantisme et l’absence de dents sont apparus indépendamment au cours du Crétacé dans deux lignées différentes, chez deux genres qui vivaient dans des environnements très différents. Megalocoelacanthus - l’un des cœlacanthes fossiles les plus récents (aucun cœlacanthe fossile n’a encore été découvert dans des terrains datés de - 66 millions d’années à aujourd’hui) - constitue un nouvel exemple de la grande diversité morphologique et écologique des cœlacanthes fossiles.

Ce nouvel exemple de diversité confirme le fait que les cœlacanthes ne constituent pas un groupe aussi conservateur sur le plan anatomique que ce qui est couramment pensé et remet une nouvelle fois en cause cette vision de « fossile vivant » que l’on se fait du cœlacanthe actuel. Reste à découvrir aujourd’hui comment vivaient ces poissons géants du Crétacé. Quelles niches occupaient-ils dans ces environnements distincts ? De quoi se nourrissaient-ils ? Peut-être étaient-ils planctonivores, comme certains grands requins actuels ? L’histoire évolutive de ces animaux, proches parents des vertébrés terrestres, conserve encore de nombreux mystères.

(cp du Muséum national d’Histoire naturelle)

au sujet du coelacanthe




Des sources sur le coelacanthe

  • Lavallard J. L., « Des fossiles bien vivants » dans Sciences & Avenir, n°515, pp. 60-64 de janvier 1990. Données intéressantes sur la biologie de « quelques fossiles vivants » : Lys de mer, coelacanthes, iguanes des Galapagos…
  • Mouton Patrick, « Coelacanthe, la fin du long voyage ? » dans Sciences & Avenir, n°579, pp. 460-048 de mai 1995. Les menaces qui pèsent sur la seule population connue de ces poissons. Clichés remarquables de coelacanthes en liberté dans leur milieu.
  • « Coelacanthe, un poisson qui revient de loin » dans Terre sauvage, n°207 de juillet 2005.
  • Douzery, Emmanuel, « A quelle vitesse changent nos gènes » dans les Dossiers de la recherche, n°27, pp.16 - 19 de mai 2007. Présentation, en 2007, du concept d’horloge moléculaire lié aux variations du génome, comment il permet de disposer d’un chronomètre biologique de l’évolution. Limites et fiabilité perfectible de ce type de calcul des dates de divergence d’espèces données. Encadré : le cas du Coelacanthe.
  • Ratel, Hervé, « Dans le secret du coelacanthe » dans Sciences & Avenir, n°725, pp. 79 – 81 de juillet 2007. Etude en 2007, du coelacanthe, poisson d’origine préhistorique, par des scientifiques parisiens, afin de tenter de comprendre l’évolution et l’adaptation de cette espère rare, encore présente dans les Comores.
  • Etien, Sandrine, « Un poisson pas si primitif » dans La Recherche, n°412, d’octobre 2007. La comparaison entre un fossile de coelacanthe vieux de 380 millions d’années et les coelacanthes actuels montre combien ces poissons, loin d’être des « fossiles vivants », ont évolué.


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