Eau de Javel
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L'eau de javel
- L'eau de Javel est composée d'une solution aqueuse d'hypochlorite de sodium de formule NaOCl. Sa concentration s'exprime en degrés chlorométriques (°Chl). On trouve dans le commerce des solutions prêtes à l'emploi de 10 à 15 °Chl et de l'eau de Javel concentrée à 47 °Chl à utiliser en dilution. </p>
La production d'eau de javel
- La production d'Eau de Javel (ou hypochlorite de sodium) est généralement basée sur la réaction d'hydrolyse du chlore dissous en solution.
- La fabrication de l'Eau de Javel. L'Eau de Javel est obtenue par dilution de solutions industrielles d'hypochlorite de sodium.
'Eau de Javel en Europe et dans le monde L'eau de javel en Europe et dans le monde
- En France, il est commercialisé environ 245 millions de litres/an en grand public (ce qui représente deux fois le volume des nettoyants ménagers et trois fois le volume des liquides vaisselle).
- En France, 7 ménagères sur 10 utilisent de l’Eau de Javel.
- La France est au 2ème rang de la consommation européenne en volume derrière l'Espagne et juste devant l'Italie (environ 220 millions de litres/an).
- Les pays nordiques (moins de 4 millions de litres/an chacun) et l'Allemagne (environ 35 millions de litres/an) sont peu utilisateurs d'Eau de Javel en milieu grand public comparés aux pays latins (Espagne, Portugal, Italie, France et Grèce).
- Le Royaume-Uni, la Belgique (environ 44 millions de litres/an) et les Pays Bas ont une consommation intermédiaire.
- Des spécificités locales et des conditions climatiques très diverses expliquent en partie ces différences.
- La France est au 5ème rang de la consommation mondiale en volume derrière :
- les USA : 700 millions de litres/an
- le Mexique : 600 millions de litres/an
- l’Espagne : 400 millions de litres/an
- le Brésil : 350 millions de litres/an.
Eau de Javel: polyvalente
L'eau de Javel a des propriétés détachantes, blanchissantes, désinfectantes et désodorisantes. Active à l'égard des bactéries, des virus, des champignons et des algues, l'eau de Javel est utilisée dans les toilettes, les sanitaires, les poubelles, sur les sols, mais également en rinçage de lessive.
Mais l'eau de Javel contient du chlore très facilement libérable. Lors de son utilisation puis de son rejet avec les eaux usées, le chlore libéré se combinera facilement avec certaines molécules organiques pour former des "organochlorés", composés toxiques, persistants et qui peuvent avoir un effet cumulatif dans les chaînes alimentaires.
Certains d'entre eux sont cancérigènes et/ou mutagènes. Si les eaux usées sont évacuées vers une fosse septique, l'apport régulier d'eau de Javel peut compromettre les équilibres biologiques de la fosse et donc son bon fonctionnement.
Eau de Javel: les risques
Le stockage et l'utilisation d'eau de Javel à la maison comportent des risques. En effet, ce produit est souvent à l'origine d'accidents domestiques. Utilisée en mélange avec des produits d'entretien contenant un acide (détartrant, nettoyant pour sanitaires, antirouille, ...), causera instantanément un dégagement de chlore gazeux qui provoquera des effets désastreux tels que l'irritation des muqueuses et des yeux, des maux de tête, des nausées, ...
Cela peut aller jusqu'au développement d'un œdème pulmonaire très grave avec risque de complications infectieuses. Si l'eau de Javel entre en contact avec de l'ammoniaque, c'est un ensemble gazeux constitué de mono, di et tri chloramine qui se formera et qui risquera de provoquer un oedème aigu du poumon immédiat ou retardé nécessitant une hospitalisation.
La monochloramine est considérée comme substance pouvant être cancérogène pour l'humain en raison de la prise en considération des divers facteurs: méthémoglobinémie et hémolyse chez des patients dialysés, augmentation des niveaux d'apoliprotéine B du plasma chez l'homme, etc.
Mieux vaut dépoussiérer et nettoyer régulièrement avec de l'eau chaude et un bon détergent que de décrasser et désinfecter une fois de temps en temps seulement à l'eau de Javel.
Histoire de l'eau de javel
Voici l'histoire de l'eau de javel par le site officiel de L'eau de Javel :
Origine du mot Javel
L’Eau de Javel tire son nom de l’ancien village de Javel (aujourd’hui quartier du 15ème arrondissement de Paris) où s’était créée, en 1784, une manufacture de produits chimiques, près du « moulin de Javelle ».
Cette manufacture était la propriété, à l’origine, de nobles proches du Comte d’Artois, frère de Louis XVI et dirigée par Léonard Alban.
Elle était destinée aux lavandières (blanchisseuses de l’époque) alors nombreuses sur les bords de Seine.
La « javelle » du latin populaire gabella est un mot d’origine gauloise ; il désignait ce qu’on rassemble par poignées. Les lavandières, pendant le nettoyage du linge, le battait avec une poignée de branches, ce qui permettait d’extraire un maximum d’impuretés des textiles.
Découverte de l’action blanchissante de l’Eau de Javel
Jusqu’au 18ème siècle, on pratiquait généralement le blanchiment sur pré des tissus en lin, chanvre et coton, ce qui nécessitait beaucoup d'espace et de temps. Son succès dépendait de la température, du soleil….
Claude-Louis Berthollet (1748-1822), chimiste savoyard et médecin du duc d’Orléans, savait que le blanchiment du linge sur pré était dû à l’action de l’oxygène de l’air et il chercha à reproduire artificiellement ce que faisait la nature. Il y réussit grâce aux solutions chlorées (le chlore dénommé alors « esprit de sel déphlogistiqué » ayant été découvert par Scheele en 1774).
Dans ce village de Javel, Berthollet utilisa l’eau de chlore, en 1785, pour ses propriétés blanchissantes. Les Directeurs de la Manufacture, MM. Alban et Vallet, décidèrent de dissoudre le chlore dans une solution de potasse particulièrement adaptée au blanchiment du linge et stabilisant le caractère oxydant du chlore. Ils avaient créé la « liqueur de Javel », qui devint ensuite l’Eau de Javel.
La manufacture travailla à plein rendement pendant la Révolution, s’agrandit et ne fabriqua plus que de l’Eau de Javel. En 1875, la « fabrique d’Eau de Javel » occupait deux cents ouvriers. Elle disparut entre 1885 et 1889, remplacée par les aciéries de France et les entrepôts et magasins généraux de Paris, lesquels cédèrent la place aux usines Citroën en 1915.
Laction désinfectante de l’Eau de Javel
En 1793 le chirurgien Percy (1754-1825) utilisa les solutions d’eau de chlore pour lutter contre « la pourriture d’hôpital » à l’armée du Rhin.
En 1820, le pharmacien Antoine-Germain Labarraque (1777-1850) remplaça la potasse par la soude et étudia les utilisations médicales et pharmaceutiques de l’Eau de Javel.
Il inventa le « Chlorure d’oxyde de soude et de chaux », variété d’Eau de Javel qui permit, entre autres choses, d’arrêter le processus de putréfaction des muqueuses. Il fit ainsi un grand pas dans le domaine de l’hygiène. La « liqueur de Labarraque » fut utilisée par les chirurgiens, les médecins, certaines usines, les égoutiers, les fossoyeurs… Elle fut largement distribuée lors d’une épidémie de choléra, en 1832.
Il employa l'hypochlorite de sodium pour arrêter les gangrènes, accélérer les cicatrisations, désinfecter les hôpitaux… Il obtint de nombreux prix, fut nommé à l’Académie de Médecine en 1824, au Conseil d’Hygiène Publique et de Salubrité du département de la Seine en 1836.
En 1845 Semmelweis, docteur en obstétrique à Vienne, fit tomber la mortalité par fièvre puerpérale de 27% à 0,23% grâce à l’utilisation des hypochlorites par les médecins pour le lavage des mains avant d’accoucher les femmes.
En 1892 Calmette découvrit que le bacille de Koch (tuberculose) était détruit par l’Eau de Javel. Les applications de l'Eau de Javel en désinfection se sont développées sous l’influence de plusieurs collaborateurs de Pasteur, notamment Chamberland et Fernbach.
Lors de la grande guerre, des progrès décisifs en hygiène furent accomplis par les médecins et les militaires :
Lors de la bataille de Verdun, l'Armée française encerclée, et ne disposant plus d'eau potable, le Colonel Bunau-Varilla, directeur du service des eaux de l’armée mélangea un petit stock d'Eau de Javel à l'eau de la Meuse pour alimenter les troupes en eau potable (d'où l'expression "verdunisation" synonyme de potabilisation à l'Eau de Javel).
Le Docteur Fernand Bezançon prouva le pouvoir bactéricide de l’Eau de Javel sur le linge contaminé. Les solutions tamponnées d’Eau de Javel furent utilisées comme antiseptiques, d’abord par le Professeur Dakin, pour désinfecter les plaies des blessés, puis par le Docteur Carrel, dans les ambulances dont il avait la charge. Le procédé se généralisa ensuite très rapidement.
Grâce à son spectre microbien le plus large connu à ce jour, l’Eau de Javel est utilisée pour lutter contre la propagation des maladies : fièvre typhoïde, choléra, hépatite virale, SIDA, grippe aviaire…
C'est également la raison pour laquelle, en Juillet 1969 la NASA sélectionna l’Eau de Javel pour désinfecter Apollo XI au départ et à son retour de la lune pour éviter toute contamination éventuelle Terre/Lune et vice-versa.
En 1989, pour la deuxième fois depuis sa découverte, l'effet bactéricide de l'Eau de Javel est mis en évidence par le Professeur Dodin de l'Institut Pasteur. Ses travaux révélèrent, à l'aide d'un microscope électronique, que les bactéries sont détruites en 30 secondes avec une solution d'Eau de Javel à 0,036 % de chlore actif.
En 2008, l'activité virucide de l'Eau de Javel sur le virus Influenza virus A/H5N1 a été démontrée par l'Institut Pasteur de Lille.
Les médias livrent quotidiennement leur lot d'informations sur de nouvelles maladies et épidémies et les difficultés à les combattre. Pour en limiter la propagation, la prévention est plus que jamais nécessaire et passe par une hygiène irréprochable, renforcée par une désinfection régulière de notre environnement. Dans ce contexte l'Eau de Javel, facile à utiliser et particulièrement efficace, est incontournable. C'est en effet un désinfectant universel, bactéricide, fongicide, sporicide et virucide, accessible à tous.
Produits de décomposition et impact sur l'environnement de l'eau de javel
Produits de décomposition et impact sur l'environnement :
L'hypochlorite de sodium est un produit hautement réactif et se transforme rapidement pendant et après son utilisation. La réaction principale au cours de son utilisation est une oxydation qui entraîne à terme sa décomposition (à environ 99 %) en chlorure de sodium (sel de table), oxygène et eau.
D'autres substances se forment, en faible quantité, par réaction avec les substances organiques et azotées dans le milieu. En fonction des utilisations, les sous-produits sont le chloroforme, les AOX appartenant à la classe des composés organohalogénés et les acides chloroacétiques.
De nombreuses études ont été effectuées qui ont montré que la quantité d'AOX formée pendant ou suite à des utilisations domestiques est extrêmement faible et que la plupart de ces sous-produits sont facilement dégradables, ont une toxicité faible et ne sont pas bio-accumulables.
D’autres produits peuvent se former lors de la décomposition chimique tels que les chlorates qui sont eux-mêmes désinfectants ou lors de réactions avec des molécules organiques diverses en formant les chloramines, légèrement désinfectantes. Les chloramines ont une durée de vie dans l’environnement aquatique de quelques heures