Cradle to cradle
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Le cradle to cradle
Cradle to cradle = du berceau au berceau
Le cradle to cradle à la base de l'économie circulaire
Cradle to cradle = du berceau au berceau
- Le best-seller Cradle to Cradle est enfin traduit en français. Publié pour la première fois en 2002, l'ouvrage du chimiste allemand Michael Braungart et de l'architecte américain William McDonough a d'ores et déjà séduit 50 millions de lecteurs aux quatre coins du globe. Traduit dans plus de vingt langues, il arrive cette semaine dans les rayons des librairies françaises.
Le concept de ces pionniers de l'écologie industrielle « nouvelle génération » peut se résumer ainsi : rien n'est déchet, tout est nutriment. Autrement dit, le Cradle to Cradle (littéralement, « du berceau au berceau »), est un processus « qui met en œuvre à la fois l'analyse chimique des éléments à utiliser et un système social fondé sur la restitution », dixit Michael Braungart en introduction de son ouvrage. Une philosophie que les deux auteurs tentent de diffuser auprès des industriels du monde entier, notamment via leur laboratoire hollandais Environmental Protection and Encouragement Agency (EPEA).
Un réseau Cradle to Cradle
- Les entreprises converties au C to C ne parlent d'ailleurs plus de « cycle de vie » d'un produit, mais bien de « cycle d'usage ». Car une fois sa phase d'utilisation terminée, un produit C to C doit être facilement démontable, et ses composants, réutilisables à l'infini. Sur le papier, l'idée est forcément séduisante. Mais garantir un usage circulaire des produits industriels suppose une implication des entreprises et une collaboration inter-sectorielle inédites.
« Il s'agit de maîtriser parfaitement la toxicité et l'empreinte écologique des matériaux, de revoir la conception des produits, pour qu'ils soient aisément montables et démontables, de garantir leur reprise en fin d'usage et de mettre en place des filières de recyclages spécifiques », témoigne Hélène Babok, directrice développement durable de Steelcase France. Le fabricant international de mobilier de bureaux a été parmi les premiers à engager une stratégie globale Cradle to Cradle. Et si une cinquantaine de ses produits certifiés C to C sont déjà sur le marché, la généralisation du processus à l'ensemble de sa gamme reste un travail de longue haleine. « Nous rencontrons quelques difficultés à récupérer des données toxicologiques auprès de nos fournisseurs, ajoute Hélène Babok.
Car certains produits, comme un siège de travail par exemple, comptent plus de 150 composants, et chacun de ces composants peut faire intervenir jusqu'à 60 substances chimiques. Par ailleurs, la fabrication de ce siège fait intervenir une quarantaine de fournisseurs environ, qui eux mêmes collaborent avec nombre de fournisseurs.» La mise en place de filières de collecte et de recyclage suppose quant à elle d'établir des partenariats, notamment pour en supporter le coût économique. Spécialisé dans la collecte et le traitement des déchets, le groupe hollandais Van Gansewinkel, qui se définit également comme fournisseur de matière première et d'énergie, travaille ainsi avec plusieurs partenaires Cradle to Cradle (Phillips, Van Houtum Papier, le fabricant de moquettes Desso, etc.) pour boucler la chaîne de vie des produits. De l'avis de tous, le sourcing des données est à améliorer et le partage d'expérience à encourager. « Nous sommes dans un processus d'amélioration continue » résume Hélène Babok.
Le Cradle to Cradle séduira-t-il les français ?
Le processus a cependant du mal à passer les frontières françaises. Certes, Steelcase, Herman Miller, Van Gansewinkel, Desso et quelques autres pionniers diffusent le concept, insufflé par leurs maisons mères, via leurs filiales françaises. Mais le Cradle to Cradle est encore loin de rencontrer le succès qu'il connait par exemple en Hollande. Là-bas, 200 entreprises sont converties au C to C, le ministère de l'environnement élabore une stratégie d'approvisionnement pour les organisations gouvernementales, 40% des profits du commerce gazier ont été alloués à la R&D du Cradle to Cradle, et un master dédié au concept est en passe d'être proposé à l'Université de Rotterdam. Pourtant, de l'aveu même de Michael Braungart, « la traduction française a été difficile à réaliser. » Alors comment expliquer ce retard français ? Pour Eric Allodi, directeur d'Intgéral Vision, société de conseil chargé de promouvoir le C to C, « la France, pays des Lumières et du rationalisme, n'est pas encore entrée dans l'ère post-moderne, contrairement aux pays d'Europe du Nord. Dans ces pays, les gens se revendiquent davantage citoyen du monde que citoyens d'une nation. Or, cette mentalité est plus propice au déploiement du Cradle to Cradle, qui suppose une vision globale et une volonté de changer de paradigme. »
Pour l'heure, Intégral Vision travaille avec trois sociétés françaises, dont Dim, qui d'après Eric Allodi a lancé un programme de recherche pour développer un collant to C (Dim refuse encore de communiquer sur ce projet), et Tarkett, leader mondial du revêtement de sol et surfaces sportives, qui vient d'annoncer son partenariat avec EPEA. « Le Cradle to Cradle est une source d'innovation, assure Anne-Christine Ayed, chargée de la recherche, de l'innovation et de l'environnement chez Tarkett. Plus les entreprises s'engageront dans cette démarche, plus les citoyens se mobiliseront. » Un appel qui sera entendu ?
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Le livre : Cradle to Cradle, par Michael Braungart et William McDonough Editions Alternatives Février 2011